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Les vins monocépages de Bordeaux : Partie II - Le Malbec

Dans le deuxième article d'une nouvelle série sur les vins monocépages de la région de Bordeaux, notre correspondant Colin Hay explore l'anomalie rare, intrigante et paradoxale qu'est le Malbec monocépage et monocampagne. 

Bien que Bordeaux soit une région célèbre pour ses assemblages, ses mélanges et l'art de l'assemblage - des terroirs autant que des variétés - c'est aussi une région où l'on trouve un nombre peut-être surprenant et croissant de vins mono-vignobles et mono-cépages. Cette petite série d'articles vise à raconter leur histoire.

Mais il est important de ne pas donner une impression erronée. Comme je l'ai expliqué dans l'introduction du premier article de cette série, mon but n'est pas de suggérer que les vins monocépages sont en quelque sorte préférables à - et pourraient finalement remplacer - leurs homologues d'assemblage plus familiers. Bien que j'aie aimé et admiré ce que j'ai goûté (du petit verdot en l'occurrence), l'expérience n'allait jamais me transformer en un défenseur de la plantation de tapis de petits verdots sur de vastes étendues du sud du Médoc. Et - spoiler alert - le monocépage Malbec ne m'a pas amené à revoir cette conclusion.

Pourtant, dans certaines conditions, dans certains vignobles et entre les mains de certains vignerons, les vins monocépages sont au moins aussi efficaces pour exprimer la spécificité d'un seul terroir qu'une insistance plus traditionnelle sur la diversité des cépages. En bref, le monocépage bordelais n'est pas une idée aussi iconoclaste qu'il n'y paraît à première vue. Dans le meilleur des cas, il s'agit d'une autre façon d'exprimer les valeurs familières de Bordeaux.

Mais ce qui est peut-être plus important et certainement plus prosaïque, c'est que beaucoup de ces vins sont, tout simplement, très bons. Pris ensemble, ils ajoutent incontestablement de la richesse et de la diversité au palais vinicole offert par la région. À ce titre, ils méritent plus d'attention qu'ils n'en reçoivent généralement.

La série d'articles sur les vins monocépages a également une deuxième raison d'être. En effet, observer un cépage dans son expression la plus pure est sans doute la meilleure façon de le comprendre in situ. Cela nous donne un aperçu du rôle qu'il joue dans les vins (d'assemblage) de la région en général. En tant qu'auteur de vin, j'ai beaucoup appris en dégustant, comme j'ai parfois le privilège de le faire, certains des éléments mono-cépage à partir desquels un vin est construit (la parcelle de Merlot sur calcaire, la parcelle de Merlot sur argile, la parcelle de Cabernet Sauvignon sur gravier et ainsi de suite). Voici l'occasion de partager un peu de tout cela tout en discutant de vins qui, en théorie du moins, sont à la portée du consommateur. L'avertissement est que, compte tenu des quantités de production typiquement minuscules, certains des vins dont il est question ci-dessous sont plus difficiles à trouver que la plupart de ceux que j'évalue. Mais cela vaut vraiment la peine de faire un effort supplémentaire pour les trouver.

Malbec

Qu'en est-il plus précisément du Malbec ? La première chose à dire est peut-être que nous parlons d'un cépage très différent du Petit Verdot, qui a fait l'objet du premier article de cette série. En effet, le Malbec est avant tout un cépage associé à des expressions célèbres de vignobles uniques, mais pas dans le Bordelais. Le monocépage Malbec est beaucoup moins exceptionnel et inhabituel dans le contexte mondial que le monocépage Petit Verdot. Il y a là un champ de comparaison mondial. Bien que le monocépage Malbec reste une rareté, il n'est pas, comme le monocépage Petit Verdot, une anomalie bordelaise.

Les expressions classiques d'un seul vignoble ne viennent évidemment pas de Bordeaux mais de 200 kilomètres à l'est, à Cahors (par exemple au Château Lagrazette) et, plus loin, d'Argentine (avec des vins emblématiques tels que ceux de Catena Zapata, Viña Cobos et Zuccardi) et du Chili (de Neyen Apalta ou Tabalí, par exemple). Chacun d'entre eux produit un vin très particulier, qui ne se confond pas facilement avec son homologue bordelais.

À Cahors, les règles d'appellation actuelles exigent au moins 70 % de Malbec dans l'assemblage final (aux côtés du Merlot et du Tannat). Ici, le Malbec est roi. Il est souvent planté sur des sols calcaires. Sous les noms locaux de Côt ou Auxerrois, il produit de petites quantités de raisins à la peau épaisse, riches en couleur, en tanins et en saveur. Bien que le style ait évolué au cours des dernières décennies, ces "vins noirs" de Cahors sont le produit de caractéristiques qui ont été soigneusement sélectionnées au fil des générations et qui distinguent aujourd'hui génétiquement le "Côt" du "Malbec" bordelais.

Comme cela le suggère déjà, le cépage est connu sous une grande variété de noms différents - Malbec, Côt ou Cot (avec ou sans le Ù), Noir de Pressac et Auxerrois. Chaque nom révèle quelque chose de l'identité complexe de ce raisin caméléon qui prend des caractéristiques différentes selon les climats et les terroirs.

Le plus intrigant est sans doute le "Auxerrois", qui peut prêter à confusion. Pour la plupart des francophones, "Auxerrois" signifie que le raisin vient "d'Auxerre", une ville située dans le nord-est de la France, dans la région Bourgogne-Franche-Comté, très proche de Chablis (et très loin de Cahors). Mais ne vous y trompez pas. Le malbec n'a rien à voir avec cette partie du paysage viticole français. En fait, Auxerrois (prononcé "ok-ser-waa") est une translittération de Haute-Serre (prononcé "oh-sair") - et Haut Serre (pour vous éviter de consulter votre guide Michelin) est aussi proche de Cahors qu'Auxerre l'est de Chablis !

Aussi déroutant que cela puisse paraître (surtout pour les locuteurs natifs), le terme "Auxerrois" indique en fait que le raisin provient de Cahors (ou d'une région très proche). Il en va de même, de manière un peu moins énigmatique, pour Côt ou Cot, dont on suppose qu'il vient à son tour de cor ou cors, une abréviation relativement simple de Cahors.

Et le Malbec ? Là encore, il existe une histoire, probablement apocryphe. Un certain Monsieur Malbek (avec un "k"), vendeur hongrois itinérant du début duXIXe siècle, aurait acquis une réputation considérable pour les vins de la région produits à partir du raisin qui allait porter son nom en les commercialisant sous le nom de "Malbek", tant la réputation du cépage était médiocre à l'époque. Le nom est resté.

Pourtant, si toutes les routes du Malbec peuvent être tracées jusqu'au Sud-Ouest de la France et finalement jusqu'à Cahors, où le Malbec reste roi, c'est l'Argentine qui est aujourd'hui le roi incontesté du Malbec monocépage.

Le raisin y a été introduit dès 1868, bien sûr en provenance de France. Il s'est bien implanté. En effet, la seule ville de Mendoza produit aujourd'hui quelque 25 000 hectares de Malbec, essentiellement en monocépage, chaque année. Quelque 6 000 hectares supplémentaires sont plantés au Chili, où le Malbec est généralement mélangé à du Merlot et à notre vieil ami le Petit Verdot. L'Uruguay, la Californie, l'Afrique du Sud, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Italie et l'Espagne produisent des volumes moins importants, mais tout de même significatifs.

Pour en revenir à la France, le Malbec est, bien entendu, l'un des six cépages rouges autorisés dans l'assemblage des vins de Bordeaux - avec le Cabernet Sauvignon, le Merlot, le Cabernet Franc, le Petit Verdot et le Carménère. Il apparaît généralement, lorsqu'il apparaît, dans de faibles proportions (presque jamais supérieures à 10 % et invariablement inférieures à 5 %) et est utilisé, en fait, pour réduire la densité tannique et apporter une complexité supplémentaire aux vins dominés, sur la rive gauche, par le cabernet sauvignon et, sur la rive droite, par le merlot. À cet égard, il joue un rôle similaire à celui du cabernet franc.

Dans les grands vins de Bordeaux, les crus classés et leurs pairs, le Malbec est relativement rare aujourd'hui - dans le sens très simple où la grande majorité de ces vins n'en contiennent pas. Mais parmi ceux qui en contiennent, il est plus fréquemment présent sur la rive droite et dans les Graves que dans le Médoc. Parmi les crus classés du Médoc, par exemple, il n'est présent aujourd'hui que dans l'assemblage final de d'Issan à Margaux (et même là, à seulement 1 % en 2020). À Pessac-Léognan (toujours en 2020), il représente 6 % de l'assemblage final de Bouscaut et 1 % de l'assemblage final de Haut-Bergey. À Saint-Émilion, on le trouve dans un nombre relativement important (mais encore à peine substantiel) de grands crus et de grands crus classés, mais jamais à un niveau très élevé. Il représente 7 % de l'assemblage final de Rol Valentin (encore en 2020), 5 % dans Jean Faure, 4 % dans Soutard et 1 % dans Quintus. Même à de Pressac (le château qui porte le nom local du cépage, " Pressac "), il ne représente que 1 % de l'assemblage final. De l'autre côté de la frontière de l'appellation, à Pomerol, le Clos René est l'un des très rares grands vins de la région où le Malbec est présent à hauteur de 10 %. Mais il s'agit là d'une exception. Pour autant que je sache, L'Enclos est le seul autre vin de tête de l'appellation dans lequel le malbec est présent (et ici à seulement 2 % en 2020).

On le trouve également dans un certain nombre d'appellations satellites de la rive droite : par exemple chez de Carles à Fronsac (2 %) et surtout à Lalande-de-Pomerol (10 % à Siaurac, 6 % à La Sergue et 5 % à Canon-Chaigneau).

Il est intéressant de noter que ce n'est que relativement récemment que la question des origines génétiques du Malbec a été réglée, puisqu'il a été établi en 1992 que le Malbec est le produit du croisement du Prunelard et de la Madeleine Noire de Charentes (un cépage qui n'a été redécouvert qu'à peu près à la même époque). Il est alors apparu que le Malbec est en fait l'un des cépages parents du Merlot. Ses origines sont supposées se situer en France, soit à Cahors ou dans ses environs (comme on peut s'y attendre), soit, ce qui est plus intrigant, plus au nord, dans la Loire. C'est un cousin du tannat (du sud-ouest de la France) et de la négrette (de la Loire).

Dans le Bordelais, les meilleurs jours du Malbec sont probablement derrière lui, en tout cas si l'on en croit le volume planté. Le Malbec était un cépage beaucoup plus répandu avant l'apparition du phylloxéra. Dans la première moitié duXIXe siècle, par exemple, il était très largement planté dans les deux principales appellations de la rive droite de l'époque - Saint-Émilion et Fronsac - avant que le phylloxéra n'accélère le passage au merlot.

C'est peut-être l'époque de son apogée. Selon la deuxième édition du célèbre ouvrage de Féret, Bordeaux et ses vins, en 1868, le Malbec, déjà en déclin, représentait un tiers de la production totale de Saint-Émilion et Pomerol, la moitié de celle du bas Médoc, les deux tiers de celle de Blaye et Saint André de Cubzac, et les trois quarts de celle des côteaux de la rive droite.

Aussi étrange que cela puisse paraître, cela n'avait pas grand-chose à voir avec la qualité perçue du vin qu'il produisait. Ce qui comptait davantage, c'était le résultat commercial, à savoir le fait qu'il était plus résistant que la plupart des cépages à l'oïdium et donc particulièrement intéressant pour ceux qui n'avaient pas les moyens financiers de traiter leurs vignes au soufre (bouillie bordelaise).

Comme le note André Jullien dans la réédition de 1832 de la Topographie de tous lesvignobles connus, qui fait autorité en la matière, "le Malbeck ou noir de Pressac produit des vins précoces, de couleur sombre, faibles en esprit et susceptibles de tourner à l'aigre s'ils ne sont pas conservés dans des caves très fraîches ; bien soignés, ils sont capables d'acquérir de la finesse en vieillissant". L'équivoque est palpable ! Près d'un siècle et demi plus tard, en 1986, Jancis Robinson n'est pas beaucoup plus élogieuse lorsque, dans Vignes, raisins et vins, elle commente : "en Gironde, le Côt ou Malbec, comme l'appellent plus souvent les buveurs de vin, produit une sorte de version rustique et édulcorée du Merlot". C'était à l'époque ; comme le suggèrent mes notes de dégustation ci-dessous, les choses ont quelque peu évolué depuis.

Si c'est la logique commerciale qui est à l'origine de la prédominance du Malbec dans les vignobles bordelais à son apogée au milieu du XIXe siècle, c'est encore la logique commerciale qui a conduit à son déclin ultérieur. Il a été largement remplacé par le merlot, notamment en raison de sa plus grande sensibilité à la coulure (nouaison mauvaise ou irrégulière). Ce problème sera résolu par la suite grâce à la sélection de clones plus résistants, mais seulement auXXe siècle.

À cette époque, le gel sans précédent de 1956 avait scellé le destin du cépage dans la région, les trois quarts du Malbec restant ayant été détruits et la quasi-totalité ayant été replantée avec du Merlot. En effet, entre 1956 et le début des années 1990, la production française totale de Malbec a diminué de moitié. Aujourd'hui, le Malbec est une véritable anomalie, même s'il a toujours été rare en monocépage.

Dans le vignoble bordelais d'aujourd'hui, où l'on peut le trouver, le Malbec se caractérise par un débourrement relativement précoce (ce qui le rend particulièrement sensible au gel) et par une maturation tardive. Il nécessite une longue période d'attente et, de ce fait, a bien résisté à l'augmentation des températures moyennes du printemps et de l'été. Il produit en général des vins fruités et tanniques, dont les tanins sont à leur tour fins et soyeux ; en l'absence de gel et de coulure, il a également tendance à avoir un rendement élevé.

Les raisins sont de taille moyenne, ce qui tend à donner un vin richement coloré, d'encre, intense, tannique, parfumé et qui se bonifie avec le vieillissement, en particulier dans le bois. Il doit atteindre une certaine maturité pour ne pas être herbacé, végétal ou même astringent en fin de bouche. Sa signature aromatique est sa floralité, avec des notes de violette et de lilas qui rappellent presque le cabernet franc de Pomerol.

Le processus de dégustation

Comme pour chaque cépage dans cette série d'articles, j'ai approché des producteurs de monocépage Malbec que je connaissais déjà, que j'aie déjà goûté le vin ou non. Un autre vin m'a été recommandé par un ami. J'ai demandé un échantillon d'un ou plusieurs millésimes récents au choix du producteur. Tous les échantillons ont été dégustés à Paris sur une période de deux semaines, dans les mêmes conditions, en utilisant une combinaison de verres à pied de Grassl, Reidel et Sydonius.

Dans ma sélection de ces vins, j'ai également cherché à saisir la diversité de ces vins, en choisissant des producteurs de cinq sous-régions différentes dans lesquelles le Malbec est présent sous forme de monocépage : Blaye et Bourg (Vignobles Bonnange) ; le plateau calcaire et les côtes de Castillon (Château Lamartine) ; le nord du Libournais (Château Le Geai) ; Saint Emilion (Château Petit Val) ; et le nord du Médoc (Vignobles Gouache).

Nous pourrions bien avoir cinq sous-régions distinctes ici, mais nous n'avons en fin de compte que deux styles - très différents. Le premier, qui s'exprime le plus clairement dans les vins des Vignobles Bonnange, a une personnalité presque "nouveau monde". Ces vins sont récoltés relativement tard et se caractérisent par beaucoup d'extrait, une longue macération, un taux d'alcool élevé et des notes toastées prononcées dues à l'abondance de chêne neuf. On pourrait facilement les confondre avec des vins argentins. La micro-cuvée Noir des Vignobles Bonnange en est l'exemple type. Jamais un vin n'a été aussi bien nommé ! Ce vin est, surtout en 2018, dense, intense, impressionnant et assez massif. Il présente un profil fruité beaucoup plus prune et plus cerise. C'est le vin que j'ai le mieux noté de la dégustation, mais c'est aussi de loin le plus cher et il est peu probable qu'il soit du goût de tout le monde. Avec 16,6 degrés d'alcool, c'est aussi le vin de Bordeaux le plus capiteux que j'aie jamais goûté (même si de nombreux autres vins de la région sont plus clairement marqués par un taux d'alcool annoncé de 15 ou 15,5 %).

Les autres vins de la dégustation sont très différents. Ils sont tous élaborés dans ce que j'ai appelé ailleurs le "nouveau style classique" de Bordeaux. Ils sont relativement légers et légèrement extraits, fins, élégants et précis, avec beaucoup moins d'influence du chêne et un milieu de bouche plus limpide, délicat et cristallin. Leurs arômes sont beaucoup plus frais et floraux, bien qu'un peu moins complexes que ceux d'un assemblage bordelais plus conventionnel issu des mêmes terroirs ou de terroirs similaires.

En général, ce sont des vins à boire dans la première décennie de leur vie. L'exception est, une fois de plus, la cuvée Noir des Vignobles Bonnange qui mérite au moins une décennie dans une cave fraîche et sombre avant que l'intérieur de la bouteille ne voie la lumière du jour.

Notes de dégustation

Monocépage Malbec Vintage Appellation Notation
70 Ares Lamartine Malbec 2020 Castillon Cotes de Bordeaux 90
Le Côt Bonnange 2019 Bordeaux 89+
Le Geai Ultrableue 2019 Vin de France 88
Le Malbec dans le Médoc 2020 Médoc 89
Noir Malbec (Vignobles Bonnange) 2018 Vin de France 92
Valentina de Petit Val 2020 Saint Emilion 90

  • 70 Ares Lamartine Malbec 2020 (Castillon, Côtes de Bordeaux ; 100% Malbec ; sans soufre ajouté ; 13% d'alcool). Comme son nom l'indique, ce vin provient d'une minuscule parcelle de 70 ares (0,7 hectare) qui produit très peu de bouteilles. L'un des lauréats du récent Palmarès des Vins de Castillon (j'étais membre du jury). Je ne suis pas sûr que quelqu'un l'ait choisi comme pur Malbec (ou, autrement dit, je ne l'ai pas choisi), mais maintenant que je vois l'étiquette et dans le contexte de cette dégustation, c'est évident ! Une chose est sûre : nous avons tous été très impressionnés. D'un pourpre éclatant dans le verre et d'une belle limpidité naturelle, ce vin aux fruits noirs est agrémenté d'une belle note de sauge sauvage et d'une subtile floraison de violette qui, combinées, sont un indice assez clair de l'identité du cépage unique présent dans ce vin. Pur, précis et joliment concentré, ce vin est souple, léger (délibérément et positivement) et limpide en bouche. Un verre impressionnant de luminosité, de fluidité et de plaisir pour une consommation précoce de baies écrasées. J'aime aussi la signature du calcaire de Castillon qui accompagne les tanins granuleux et friables de la finale. 90.

 

  • Le Côt Bonnange 2020 (Bordeaux ; 100% Malbec ; d'une seule parcelle du Château Bonnange à Blaye sur un sol peu profond avec un mélange d'argile et de craie sur du calcaire ; un rendement final de 35 hl/ha ; vieilli pendant 6 mois en amphore ; environ 1500 bouteilles ; 15% d'alcool). Riche en fruits noirs, prune et cerise ; assez limoneux et terreux avec un petit soupçon de sous-bois et de sol forestier ; une agréable note de graphite et, surtout, une minéralité de pierre concassée ; de belles notes d'herbes sauvages également et de poivre noir craquelé. Un soupçon de violette également. Souple et doux à l'attaque, avec beaucoup de relief, il reste assez élégant et tendre en milieu de bouche. La finale n'est pas très persistante, mais les tanins sont fins et le fruit est d'une grande pureté (la framboise mûre est très présente). 89+.

 

  • Château Le Geai Ultrableue 2019 (Vin de France ; 100% Malbec ; issu d'une minuscule parcelle de Malbec sur argile bleue, vinifié et élevé en jarres et en amphores ; pas de soufre ajouté ; seulement 1600 bouteilles ; 13% d'alcool). Profond, sombre, riche avec des notes vives de bleu et de pourpre, comme on peut s'y attendre (d'après le nom). Satisfaisant et séduisant sur le plan aromatique avec une pureté rayonnante, des notes d'herbes et de fleurs de baies sombres - mûres, cerises noires, myrtilles. Ce vin est bien concentré et raisonnablement bien soutenu, même s'il manque un peu de complexité. Il est plus difficile à évaluer en raison de la seconde fermentation en bouteille qui s'est manifestement produite ici (le vin est résolument pétillant). 88.

  • Malbec en Médoc 2020 (Médoc ; 13,5 % d'alcool). Des Vignobles Gouache, les nouveaux propriétaires du Château Loudenne. Ce Malbec est brillant, expressif, assez floral et frais. Son style, du moins au nez, est peut-être plus proche du cabernet franc que de n'importe quel autre cépage bordelais. Mais il est plus grand, plus audacieux, plus épicé et un peu plus " Petit Verdot " en bouche. Il y a une note de gibier, presque de charcuterie, une minéralité légèrement ferreuse et saline et une touche de sauge. Le clou de girofle et les grains de poivre blanc et noir concassés. En bouche, le vin est succulent, juteux, tendre et mâchu, mais à peine mûr et un peu astringent en fin de bouche, ce qui se résorbe avec un peu plus d'aération. Pour moi, ce vin a encore besoin d'un peu plus de temps en bouteille. Pas de fioritures, mais une bonne, honnête et authentique interprétation du cépage. 89.

  • Noir Malbec (Vignobles Bonnange) 2018 (Vin de France ; terroir d'argile rouge, de gravier et de sable sur sous-sol limoneux ; rendement final de seulement 12 hl/ha ; élevage malolactique et 18 mois en fûts de chêne ; 16,6 % d'alcool). Noir, en effet ! Impressionnant et distinctif. Beaucoup de chêne grillé au début, mais la concentration de fruits noirs permet de l'absorber avec le temps. Encens et patchouli, un peu de violette et de pivoine. Cire de bougie - en fait, presque une partie de la cire qui recouvre le bouchon ! Vanille. Brioche grillée. Réglisse. Ronce et confiture de mûres. Mûre. Riche, compact, serré jusqu'au cœur et incroyablement concentré. Plus frais et plus sapide que ce à quoi on s'attendrait - et cela apporte un éclaircissement dans le profil des baies, avec des framboises à côté des notes plus sombres de prune et de cerise. Long pour un Malbec, mais relativement court pour un assemblage bordelais plus classique avec ce degré de concentration. Plutôt sérieux et fait pour durer. Le taux d'alcool (franchement effrayant) est beaucoup moins perceptible que ce que l'on pourrait imaginer - et l'on est presque frappé par un certain sucre résiduel. Il ne plaira peut-être pas à tout le monde, et son style est un peu nouveau, mais il est fascinant. 92.

  • Valentina de Château Petit Val 2020 (St Emilion ; 100% Malbec ; issu d'une seule parcelle de 50 ares de Malbec sur-greffée en 2016 sur un terroir argilo-sableux produisant environ 900 bouteilles ; vinifié en amphores, en barriques et en 'wineglobes' ; 13,5% d'alcool). Il s'agit du troisième millésime de ce vin - le premier et toujours le seul vin de Malbec monocépage de l'appellation à ma connaissance (et le Saint-Emilion est rare en ce sens qu'un Malbec monocépage répond aux règles de l'appellation, ce qui permet à ce vin d'être embouteillé en tant que " Saint-Emilion grand cru "). Des fruits noirs croquants et des fruits à noyaux - mûres, damsons et prunelles - des notes d'herbes vertes sauvages également et de douces épices plus douces. Avec un peu plus d'air, on découvre du romarin, du thym, de la lavande et de la violette. Ce vin est très net, précis, concentré et pur, même s'il est un peu sévère. C'est une belle expression du cépage, bien qu'il soit un peu mince et qu'il s'estompe assez rapidement en fin de bouche. Mais il est accessible, sans prétention et possède une belle composante de lavande et de violette qui se développe de plus en plus à l'aération. 90.

 

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