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Les viticulteurs du Languedoc réclament des droits d'irrigation

Les vignerons des Corbières, l’une des plus grandes appellations du Languedoc, s’apprêtent à faire une nouvelle fois pression sur l’AOP pour obtenir l’autorisation d’irriguer ses vignes, apprend db.

Lorsque Nathalie Estribeau, œnologue au Château Haut Gléon dans les Corbières affirme que « tous nos vins sont complètement secs », elle fait allusion non seulement au profil aromatique de leur rosé mais aussi à l’absence quasi totale d’eau des sols de la propriété.

L'irrigation est interdite dans les Corbières, bien que les températures atteignent 30° Celsius au mois de juillet, ce qui oblige les vignes de grenache centenaires du Haut Gléon à étendre leurs vastes racines à huit mètres ou plus dans les sols argilo-calcaires pour trouver de l'eau.

"Nous continuons à discuter avec les responsables de l'appellation pour obtenir l'autorisation d'irriguer, mais cela prend beaucoup de temps", explique M. Estribeau .

"Nous recevons très peu de précipitations ici et lorsqu'il pleut, le vent sèche presque instantanément. Si nous n'avons pas assez d'eau dans le sous-sol, les raisins ne seront pas bons et il sera plus difficile de produire des vins équilibrés. Si le temps se maintient, nous risquons d'avoir des difficultés.

Ayant travaillé pour le Château Haut Gléon au cours des six derniers millésimes, M. Estribeau a pu constater les changements progressifs du climat des Corbières. La mer est à 20 km et la tramontane, un vent local fort, sèche les vignes à une vitesse record. Alors que les vendanges commençaient habituellement en septembre, l'année dernière, les vignerons ont commencé à récolter les raisins en août.

"Le millésime 2023 semble prometteur, mais tout dépendra de la quantité d'eau dont nous disposerons. Nous avons un besoin urgent de la brise marine pour rafraîchir nos vignobles", explique M. Estribeau.

C'est pourquoi l'équipe du domaine, ainsi que d'autres viticulteurs des Corbières, ont l'intention de soulever à nouveau la question de l'irrigation lors d'une "grande conférence" prévue dans le courant de l'année pour aborder les problèmes liés à l'eau dans la région.

Selon Estribeau, environ 100 000 litres d'eau par jour sont rejetés dans l'air à partir de sources d'eau naturelles, ce qui contribue à "rafraîchir l'atmosphère" du Château Haut Gléon, mais aucun de ces précieux H20 ne va directement à la vigne.

Heureusement, environ 80 % des vignes du Haut Gléon sont orientées vers le nord, ce qui leur permet de rester fraîches. Cela explique également pourquoi le domaine cultive une plus grande proportion de variétés blanches - dont le Vermentino (Rolle), la Marsanne, le Grenache Gris et l'Alboriño - que les domaines viticoles voisins dans les Corbières.

"Notre emplacement frais nous permet de conserver la fraîcheur de nos vins blancs", explique M. Estribeau.

Château Haut Gléon

Irrigation irritante

Non seulement l’utilisation de l’irrigation permettrait aux vignerons de continuer à élaborer des vins équilibrés et élégants, mais cela leur permettrait également d’augmenter leurs volumes.

En tant que domaine viticole le plus haut de gamme du portefeuille des Vignobles Foncalieu, le Château Haut Gléon, largement axé sur le commerce, a une récolte extrêmement faible, suffisante pour produire « seulement 30 hectolitres de vin par hectare », explique Estribeau.

Elle affirme que si beaucoup de ses compatriotes ont souffert du gel ces dernières années, « 2021, l’année où nous avons eu le gel, a été un millésime incroyable ! »

Ce n’est peut-être pas surprenant, car l’eau apportée aux vignes par la fonte des gelées a contribué à nourrir le fruit.

L’année dernière, une décision surprise a été prise d’accorder aux appellations bordelaises Pessac-Léognan, Pomerol et Saint-Emilion l’autorisation d’irriguer leurs vignes, compte tenu des « conditions écologiques exceptionnelles » auxquelles ces régions étaient confrontées, avec de faibles précipitations et des vagues de chaleur répétées menaçant les cultures.

La décision a été prise alors que l’irrigation était normalement interdite dans la région.

Les producteurs du Languedoc bénéficieront-ils d'un répit similaire alors que les températures continuent de grimper ? Ou devront-ils serrer les dents et prier pour la pluie, au grand dam des plagistes de l'Espiguette et d'Argelès-sur-Mer ?

Ironiquement, ce sont ces mêmes vins que nous recherchons pour rafraîchir nos palais desséchés par une chaude journée d'été - les rosés aux couleurs vives et les blancs minéraux et croquants du sud de la France - qui ont souvent eux-mêmes le plus besoin d'un rafraîchissement liquide.

 

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