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La Loire est la prochaine Bourgogne

Ivan Massonnat, fondateur du Domaine Belargus, s'est entretenu avec db de l'exploitation du potentiel de la vallée de la Loire, du terroir distinct de l'Anjou et de la solution pour lutter contre les gelées printanières.

Le chemin de Massonnat vers le vin n'a pas été direct. Ayant grandi dans les Alpes, le vignoble de son grand-père n'a pas suffi à le propulser dans l'œnologie à un jeune âge : "Je n'ai jamais bu de vin à l'adolescence".

À 25 ans, son indifférence à l'égard du vin s'est transformée en obsession. "Dès que j'ai posé mon regard sur le vin, la fascination a commencé", explique-t-il.

C'est la Bourgogne en particulier qui a attiré, et continue d'attirer, son attention : "Le climat y est plus frais, l'accent est mis sur les cépages uniques et l'expression du terroir.

Une carrière dans la finance a fourni à M. Massonnat les moyens financiers nécessaires pour acheter une maison de campagne dans la Loire en 2006. Il s'est intéressé à la vallée en raison de la possibilité de faire les choses un peu différemment : "C'est l'une des régions les plus attractives de France, contrairement aux grandes régions où tout a été fait.

Il reconnaît que la réputation de la Loire en matière de vins fins n'a pas toujours été bonne et fait remarquer que, dans la seconde moitié du XXe siècle, la région s'est de plus en plus orientée vers les "vins glou glou". C'est une situation qu'il s'est efforcé de changer.

En 2018, il a repris le domaine de Jo Pithon et a créé le Domaine Belargus, dont le nom fait référence à un papillon bleu, une allusion à la façon dont il cherche à "résonner avec la nature", en adhérant aux principes de la biodynamie.

Cependant, la nature n'est pas toujours du côté des viticulteurs. Ayant à l'esprit les images d'une Loire asséchée l'été dernier, db a demandé si la sécheresse était le principal risque climatique, mais Massonnat a déclaré que le gel était le "plus grand défi", en raison du fait que le Chenin Blanc est un cépage à bourgeons précoces.

Les vagues de froid printanières, telles que celles qui ont causé tant de dégâts dans les régions viticoles du nord de la France ces dernières années, "étaient très rares auparavant", a expliqué M. Massonnat. Son prédécesseur, M. Pithon, n'a connu qu'un seul épisode de gel printanier notable, dans les années 1990. En cinq ans, M. Massonnat en a déjà connu deux - celui d'avril 2021 lui a coûté 70 % de sa récolte en une nuit.

Bien que le Domaine Belargus teste des fils chauffants électriques qui consomment moins d'énergie (il a qualifié la solution antigel traditionnelle des bougies de "chère, sale et horrible pour l'environnement"), M. Massonnat a insisté sur le fait qu'"il n'y a pas de solution miracle pour lutter contre le gel".

Tout en se concentrant sur la lutte contre les gelées, M. Massonnat est également conscient que les récents étés chauds, qui ont grandement favorisé la maturation des raisins, deviendront un problème pour les producteurs de la Loire : "La prochaine génération devra faire face à ce que connaissent les régions méridionales.

Plutôt que de se reposer sur les feuilles de vigne, l'équipe de 15 personnes du Domaine Belargus teste actuellement un certain nombre d'options pour s'assurer que les vignes et les fruits restent en bonne santé malgré la chaleur, y compris de nouveaux systèmes racinaires et différents styles de taille.

Malgré tous les problèmes que l'environnement peut poser, M. Massonnat estime que c'est dans l'Anjou Noir, ainsi nommé en raison de ses sols de schiste foncé, que la "hiérarchie des terroirs" est la plus évidente dans la Loire.

"Je ne vends pas du chenin, je vends des vins d'Anjou", suggère Massonnat en montrant l'étiquette de son Ronceray 2020 qui est ornée de toutes sortes d'informations techniques sur la parcelle, mais pas sur le cépage utilisé.

En effet, Massonnat s'est efforcé de mettre l'Anjou sur la carte, littéralement : "En Anjou, il n'y avait pas de carte et je me suis demandé comment vendre 15 vins différents dans une région sans carte. J'en ai donc créé une".

D'une parcelle à l'autre, les vins issus de l'Anjou Noir peuvent être légers, austères et acides, ou riches et opulents.

Le vin que Massonnat a présenté lors de la réunion penche vers l'opulence et porte le nom de Ronceray, plutôt que celui de Quarts-de-Chaume Grand Cru (le seul Grand Cru de la Loire), car ce dernier ne peut être utilisé que sur les étiquettes de vin doux. Le chenin blanc sec créé sur d'anciennes parcelles de vin doux est la signature de Massonnat, indépendamment des difficultés d'étiquetage.

"Pourquoi y avait-il déjà un vignoble ici [aux Quarts-de-Chaume Grand Cru] il y a 1 000 ans ? Parce que c'est évident. Le terroir, c'est l'évidence du lieu, tous les lieux ne sont pas égaux - un terrain plat est bon pour les carottes et la salade, moins pour le vin. C'est cette notion qui est à la base de la vision française du vin".

Les accords suggérés pour le Ronceray sont le risotto, le poulet au beurre et le comté vieilli. "Si vous excluez la viande rouge, suggère M. Massonnat, les accords avec les vins blancs sont infinis.

"Les gens n'ont pas toujours les moyens de s'offrir des vins de Bourgogne, mais les vins de climat plus frais sont vraiment idéaux pour la gastronomie, en raison de leur acidité et de leur faible teneur en alcool. La Bourgogne a fait fortune en cultivant ce segment du marché".

Bien que son objectif soit de créer des vins qui puissent vieillir pendant des décennies, M. Massonnat a conclu : "Je ne m'inquiète pas du résultat final, mais j'aimerais qu'il soit plus rapide que 100 ans !".

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