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Bordeaux 2022 en primeur : Margaux, impressionnant compte tenu des difficultés du millésime

Mon voyage vers le sud du Médoc est en grande partie terminé lorsque nous arrivons dans sa plus grande appellation, tant par sa superficie que par le nombre de ses propriétés, Margaux. Ici, les résultats sont impressionnants, d'autant plus si l'on tient compte des difficultés du millésime.

L'examen désormais habituel des cartes météorologiques suggère que Margaux n'a pas eu la vie facile en 2022. Avec Saint-Julien et Pauillac, c'est l'appellation qui a le plus souffert de l'absence de précipitations hivernales et, entre la véraison et les vendanges, elle a reçu moins de précipitations que toutes les autres appellations, à l'exception de Pomerol.

Il est donc remarquable qu'il ait reçu moins de précipitations sur l'ensemble de l'année que toutes les autres appellations, à l'exception de Pessac-Léognan.

Ayant vu les chiffres et connaissant un peu les sols typiquement "drainants" de Margaux - relativement pauvres en argile qui retient l'eau et plus riches en gravier - j'ai craint le pire.

 

Pre-budburst

(novembre-mars)

Véraison à la récolte

(août-octobre)

Total
Margaux 381 (-22.8%) 58.5 (-53.0%) 802 (-12.3%)
St Julien 364 (-25.0%) 61.3 (-47.7%) 780 (-12.2%)
Pauillac 364 (-25.0%) 61.3 (-47.7%) 780 (-12.2%)
St Estèphe 415 (-14.6%) 74.4 (-40.3%) 889 (-1.1%)
Pessac-Léognan 445 (-8.4%) 57.7 (-50.7%) 764 (-14.6%)
St Emilion 558 (+14.8%) 67.7 (-44.0%) 886 (-1.9%)
Pomerol 541 (+9.7%) 51.2 (-57.5%) 871 (-3.9%)
Tableau 1 : Pluviométrie pendant le millésime (mm, par rapport à la moyenne décennale)
Source: calculée à partir du rapport des Saturnalia sur les vendanges de Bordeaux 2022.

Ces craintes n'ont été que renforcées par les données relatives au rendement moyen des vignobles par appellation, qui sont présentées ci-dessous.

2018 2019 2020 2021 2022 Moyenne sur 10 ans Par rapport à la moyenne décennale (% de variation)
Margaux 37.4 49.2 36.3 38.6 31.3 39.7 -21.2
St Julien 42.6 45.5 34.3 35.2 34.3 40.1 -14.5
Pauillac 38.5 46.7 37.4 35.1 34.8 39.7 -12.3
St Estèphe 44.6 49.7 41.2 40.7 31.5 43.4 -27.4
Pessac-Léognan 36.9 47.2 34.6 30.7 35.7 38.5 -7.3
St Emilion (GC) 39.7 43.0 36.7 27.5 41.2 37.2 +10.7
Pomerol 36.2 43.0 39.8 28.9 32.3 36.1 -10.5
Tableau 2 : Rendement moyen du vignoble par appellation (hl/ha)
Source: calcul à partir des données douanières compilées par le CIVB Service Economie et Etudes

Il en ressort que Margaux a subi à la fois la baisse la plus importante des rendements moyens des vignobles (un cinquième de moins que sa propre moyenne décennale) et le rendement moyen réel le plus bas de toutes les principales appellations (31,3 hl/ha).

Les chiffres ne sont pas bons.

C'est donc avec une certaine surprise et un certain plaisir que les premiers vins que j'ai dégustés dans cette appellation ont largement dépassé mes attentes... et avec une stupéfaction croissante lorsque mes attentes ont été recalibrées dans presque toutes les propriétés que j'ai visitées par la suite et dans chaque petit groupe de vins que j'ai dégusté.

Il faut cependant se garder de brosser un tableau trop rose de la situation. Car Margaux est une appellation vaste et diversifiée. Bien qu'elle ait produit d'excellents vins, on ne peut échapper à son hétérogénéité en 2022, avec des merlots de vieilles vignes sur ses différents plateaux qui se sont très bien comportés, alors que des vignes plus jeunes sur des terroirs moins prestigieux et moins emblématiques ont davantage souffert. Des sélections finales rigoureuses ont été nécessaires pour tirer l'excellence du peu que la nature offrait et les vinifications ont dû être gérées de main de maître pour que les tanins ne s'affirment pas, ne deviennent pas abrasifs, voire carrément rustiques.

Mais les styles et les méthodes de vinification ont beaucoup changé à Margaux ces dernières années et, peut-être plus que dans les autres grandes appellations, ses vignerons et vigneronnes, habilement conseillés par des œnologues comme Eric Boissenot, ont su relever le défi qui se présentait à eux. Les résultats sont impressionnants dans n'importe quel contexte, d'autant plus si l'on tient compte des difficultés du millésime.

Ce qui est également plaisant à signaler, c'est la grande typicité de Margaux et la grande fraîcheur de ces vins. Poursuivant une tendance établie d'abord en 2019 et 2020, les meilleurs vins de l'appellation en 2022 sont souvent sinueux et lumineux. Ils sont également vifs, frais et expressifs sur le plan aromatique, des caractéristiques apparemment renforcées par le virage plus marqué vers la viticulture biologique et biodynamique dans l'appellation au cours des dernières années.

Margaux est, une fois de plus, la star du spectacle - et, avec Mouton et Las Cases, un candidat pour être la star de toute la rive gauche. C'est un vin plus substantiel que je ne l'avais imaginé. Il est le reflet d'un ensemble de choix tout à fait brillants, tant dans le vignoble que dans le chai. Il est destiné à devenir une légende.

Palmer suit de très près, lui aussi un peu plus architectural que je ne l'avais imaginé. Mais il est surtout brillamment dynamique, frais, vivant et énergique.

Mes attentes à l'égard du Brane Cantenac sont désormais si élevées que, dans un sens du moins, il n'est pas surprenant qu'il ait produit un vin d'une telle profondeur dans le 2022. Pourtant, je n'ai jamais goûté un vin aussi complet de ce domaine. Il exprime brillamment son superbe terroir et constitue, j'en suis sûr, une nouvelle référence pour la propriété.

Rauzan-Ségla et Durfort-Vivens sont désormais des artistes de haut niveau tellement aguerris et réguliers que leur excellence en 2022 n'est pas une surprise. Leurs styles sont très différents. Mais la qualité pure de chaque vin est incontestable.

Je pourrais continuer - et, comme on me le fait parfois remarquer, mes dégustations ont l'habitude de le faire (plus ou moins longuement !). Elles reflètent, je suppose, mon enthousiasme.

Permettez-moi donc de conclure en attirant votre attention sur un quintette de vins qui, pour moi, expriment la fabuleuse diversité aromatique et florale de l'appellation Margaux dans ce millésime. Dans chaque cas, et peut-être plus particulièrement pour Desmirail et Ferrière, il s'agit des meilleurs vins que j'aie jamais goûtés de la propriété (une nouvelle référence en fait). Chacun d'entre eux est un vin pour le véritable amateur de Margaux. Mon quintette floral est composé (par ordre alphabétique) de Desmirail, Ferrière, d'Issan, Siran et du Tertre. Chacun est magique à sa manière.

Faits marquants en 2022

Meilleur de l'appellation:

  • Margaux (98-100)

C'est vraiment formidable :

  • Palmer (97-99)
  • Brane Cantenac (96-98+)
  • Rauzan-Ségla (96-98)
  • Durfort-Vivens (95-97+)
  • Giscours (95-97)
  • D'Issan (95-97)
  • Kirwan (95-97)
  • Pavillon Rouge (94-96+)
  • Ferrière (94-96)
  • Malescot St-Exupéry (94-96)

Le choix de la valeur :

  • Ferrière (94-96)
  • Cantenac Brown (93-95+)
  • Desmirail (93-95)
  • Marquis d'Alesme (93-95)
  • Prieuré-Lichine (93-95)
  • Siran (93-95)
  • Du Tertre (93-95)

Pour des notes de dégustation complètes, cliquez ici.

Cliquez sur le lien pour accéder aurapport de db sur le millésime 2022 en primeur, ainsi qu'à des analyses appellation par appellation (liens mis à jour au fur et à mesure) sur Margaux, Saint-Julien, Pessac-Léognan et Graves rouge et blanc, Saint-Estèphe et Haut-Médoc, Pauillac, Pomerol, Saint-Émilion et Sauternes et Barsac.

En savoir plus :

Bordeaux 2022 : une majesté miraculeuse (thedrinksbusiness.com)

Rapport sur le millésime 2022 à Bordeaux : Les questions en suspens (thedrinksbusiness.com)

Rapport sur le millésime 2022 à Bordeaux : Une majesté mystérieuse forgée par l'énigme de l'excès climatique (thedrinksbusiness.com)

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